À l'occasion de la sortie du Doki-Doki Mag n°4, nous avons pu poser quelques questions à Makoto HOSHINO, auteur de L'Âme du dragon et Le Conte des parias.
Lors de la publication de votre précédente série chez nous, Le Conte des parias, nous n’avions pas encore créé ce magazine. Nous sommes heureux de pouvoir vous interviewer à l’occasion de la sortie de L’Âme du dragon. Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours ?
M.H : Concernant mon parcours, j'ai d'abord dû travailler trois ans en tant qu'employé de banque après avoir obtenu mon diplôme universitaire. J'aurais personnellement préféré pouvoir m'engager tout de suite dans la voie vers le manga, car c'est ce dont je rêvais depuis tout petit – et je n'ai d'ailleurs jamais cessé de dessiner tout au long de mes années universitaires ! – mais c'est une condition que mes parents m'avaient imposée pour me laisser faire ensuite ce que je voulais.
Au Japon, il existe un proverbe qui dit "Trois ans sur une pierre" (ishi no ue ni mo san-nen 石の上にも三年), qui résume l'idée que même la plus froide des pierres finit par devenir chaude si l'on reste patiemment assis dessus pendant trois ans. C'est une façon de dire que plus on fait preuve de patience et de persévérance, plus on s'assure de réussir ce qu'on entreprend. C'est la raison pour laquelle mes parents m'ont demandé de passer par là.
Puis, j'ai pu quitter mon premier emploi, commencer à proposer mes story-boards aux éditeurs et enfin faire le métier dont je rêvais ! Bien sûr, les années qui ont précédé m'ont paru très longues, surtout quand je ne pouvais consacrer aucun instant au dessin dans mes journées. Mais aujourd'hui, je pense que c'est aussi ce qui m'a permis de devenir la personne que je suis devenue. Et l'une des choses que je trouve géniales dans le métier de mangaka, c'est que je trouve toujours un moyen de me servir de tout ce que j'ai pu faire par le passé !
Au Japon, il existe un proverbe qui dit "Trois ans sur une pierre" (ishi no ue ni mo san-nen 石の上にも三年), qui résume l'idée que même la plus froide des pierres finit par devenir chaude si l'on reste patiemment assis dessus pendant trois ans. C'est une façon de dire que plus on fait preuve de patience et de persévérance, plus on s'assure de réussir ce qu'on entreprend. C'est la raison pour laquelle mes parents m'ont demandé de passer par là.
Puis, j'ai pu quitter mon premier emploi, commencer à proposer mes story-boards aux éditeurs et enfin faire le métier dont je rêvais ! Bien sûr, les années qui ont précédé m'ont paru très longues, surtout quand je ne pouvais consacrer aucun instant au dessin dans mes journées. Mais aujourd'hui, je pense que c'est aussi ce qui m'a permis de devenir la personne que je suis devenue. Et l'une des choses que je trouve géniales dans le métier de mangaka, c'est que je trouve toujours un moyen de me servir de tout ce que j'ai pu faire par le passé !
L’Âme du dragon est déjà votre troisième série et elle se déroule encore dans un univers différent des deux premières. Est-ce un challenge que vous vous êtes donné ? Avez-vous mené des recherches pour construire celui-ci ou l’aviez-vous déjà en tête depuis longtemps ?
M.H : À vrai dire, j'ai toujours eu envie de dessiner de la high fantasy qui se déroulerait dans un univers japonisant… Mais c'est justement là l'une des difficultés du métier… la différence est parfois grande entre ce que l'on aimerait pouvoir faire et ce dont on est réellement capable sur le moment ! Aussi, les univers de mes séries précédentes se rapprochaient davantage de notre monde réel que d'un véritable univers de fantasy. La première s'inspirait du Japon moderne et la seconde se passait dans l'Angleterre du 19e. Tout simplement parce que je n'avais pas encore les compétences nécessaires à l'époque pour pouvoir créer de toute pièce mon univers, comme j'ai enfin pu le faire avec L'Âme du dragon. Et ce n'est donc qu'au bout de ma troisième série seulement que j'ai enfin pu réaliser ce que je voulais !
(D'ailleurs, mes années à l'université m'ont beaucoup aidé pour ça aussi, car en tant que passionné d'histoire, j'avais choisi l'histoire du Japon comme mon principal sujet d'étude !)
Au-delà du côté fantastique, de l’aventure et des combats et qui rendent la série captivante, L’Âme du dragon traite aussi de sujets de société sérieux. Y a-t-il une raison particulière ou un évènement déclencheur qui vous a inspiré ce scénario ?
M.H : Disons qu'ayant toujours beaucoup aimé l'histoire, j'ai pu lire de nombreux ouvrages spécialisés sur différents pays du monde (parmi lesquels se trouve évidemment la France !). Et ce que j'en ai retenu de plus important, ou tout du moins, ce que j'en ai conclu, c'est que si les lois, l'ordre social et tout ce que l'on nomme le "bon sens" a pu être complètement différent selon les époques, tout ce qui a trait aux émotions humaines – autrement dit, ce que ressentent les humains au plus profond d'eux-mêmes – n'a en réalité jamais changé au fil du temps. Le fait que nous trouvions la guerre ou n'importe quel type de meurtre ou mise à mort abominable n'est pas nouveau. Cela a toujours été le cas, même dans les temps les plus anciens. Seulement, selon l'ordre établi alors, et le "rôle" auquel chacun devait se conformer selon ce dernier, certains ont parfois été contraints de commettre des actes aujourd'hui officiellement admis comme absolument atroces ou insensés. C'est à tous ces "sacrifiés à l'ordre", à toutes ces personnes qui ont autrefois été contraintes d'effectuer des abominations parce que l'ordre établi leur imposait, que j'ai pensé en écrivant mon scénario.
Et puis, il y a autre une chose encore, c'est le grand séisme qui a frappé le nord-est du Japon en 2011… Les catastrophes comme celles-ci sont pour moi l'une des choses les plus insensées qu'il soit. Elles causent la mort de tellement de personnes… Le Japon ayant toujours été un pays très exposé aux catastrophes naturelles, cela a évidemment beaucoup joué sur notre histoire, notre civilisation, notre culture et tout ce qui fait ce que nous sommes… Aussi, c'est ce que j'ai voulu représenter à travers les dragons de cette série en en faisant des divinités à la fois bénéfiques et maléfiques, apportant aussi bien l'abondance et les bonnes récoltes que les pires catastrophes pour les humains. En ce sens, ils peuvent être perçus comme une allégorie de cette nature très ambivalente qui nous menace autant qu'elle nous construit.
La psychologie humaine y tient aussi une part très importante. Tous vos personnages portent un lourd passé, et tous, à commencer par Isagi, semblent beaucoup souffrir intérieurement. Est-ce un thème ou une question que vous aviez à cœur de traiter ?
M.H : À vrai dire, c'est quelque chose que j'ai du mal à m'expliquer moi-même…Il se trouve que lors de la réalisation du story-board, je n'ai pas pu faire autrement que dessiner des personnages hantés par la mort… C'est un mystère pour moi aussi, mais j'imagine qu'une partie de moi cherchait inconsciemment à explorer ce thème-là !
M.H : À vrai dire, c'est quelque chose que j'ai du mal à m'expliquer moi-même…Il se trouve que lors de la réalisation du story-board, je n'ai pas pu faire autrement que dessiner des personnages hantés par la mort… C'est un mystère pour moi aussi, mais j'imagine qu'une partie de moi cherchait inconsciemment à explorer ce thème-là !
La série a tout de suite connu un très grand succès au Japon. Chaque volume jouit de très bonnes critiques et le rythme de parution est très rapide. Le scénario est-il déjà complet dans votre esprit ou peut-il encore évoluer avec le temps et les retours de vos lecteurs ?
M.H : Je dirais que j'ai une vaste idée de là où je veux aller, mais que tout reste relativement flexible et fluctuant. Chaque chapitre peut dépendre en partie de ce j'ai lu ou appris les jours d'avant, des diverses choses dont j'ai pu me rendre compte, de mes réunions avec mon éditeur et, bien sûr, des retours de mes lecteurs.
Je trouve que l'un des plus grands intérêts de la sérialisation, c'est justement pouvoir adapter son récit ainsi au fil du temps !
Vous êtes très doué pour créer des personnages très charismatiques. Comment naissent-ils dans votre esprit ? Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Merci ! En réalité, je ne passe pas énormément de temps sur la "construction" à proprement dit de mes personnages. Plutôt que de partir d'une idée bien construite et définie à l'avance, je préfère les laisser évoluer eux-mêmes au fil du temps et de l'histoire. C'est, en tout cas, ma façon de procéder. Alors, pour ce qui est de mes sources d'inspiration, c'est assez difficile à dire… Ce qui est sûr, c'est que je fais toujours très attention à ce que mes personnages ne soient pas de simples "interprètes", mais possèdent tous une identité qui leur est propre. Je ne veux pas qu'ils se contentent de jouer un rôle que je leur aurais choisi à l'avance, mais vivent leur propre vie dans le monde que j'ai créé.
Et si c'est ce qui permet de les rendre intéressants, j'en suis d'autant plus heureux !
Merci ! En réalité, je ne passe pas énormément de temps sur la "construction" à proprement dit de mes personnages. Plutôt que de partir d'une idée bien construite et définie à l'avance, je préfère les laisser évoluer eux-mêmes au fil du temps et de l'histoire. C'est, en tout cas, ma façon de procéder. Alors, pour ce qui est de mes sources d'inspiration, c'est assez difficile à dire… Ce qui est sûr, c'est que je fais toujours très attention à ce que mes personnages ne soient pas de simples "interprètes", mais possèdent tous une identité qui leur est propre. Je ne veux pas qu'ils se contentent de jouer un rôle que je leur aurais choisi à l'avance, mais vivent leur propre vie dans le monde que j'ai créé.
Et si c'est ce qui permet de les rendre intéressants, j'en suis d'autant plus heureux !
Y a-t-il un personnage auquel vous vous identifiez en particulier ?
Je ne pense pas… Ils ont tous un passé tellement lourd à porter ! (rire)
Ou peut-être que ce serait Sasami, l'ânesse qui apparaît dans le volume 3 ! Comme elle est la seule à rester calme et mesurée en toute circonstance, elle m'apporte autant de réconfort quand je la dessine que d'équilibre à Isagi et ses amis !
Je ne pense pas… Ils ont tous un passé tellement lourd à porter ! (rire)
Ou peut-être que ce serait Sasami, l'ânesse qui apparaît dans le volume 3 ! Comme elle est la seule à rester calme et mesurée en toute circonstance, elle m'apporte autant de réconfort quand je la dessine que d'équilibre à Isagi et ses amis !
Enfin, avez-vous un message pour vos lecteurs en France ?
La France est le premier pays d'Europe que j'ai visité. Et je l'ai trouvé tellement beau, tellement intéressant et tellement profond que j'en ai presque regretté de ne pas y être allé plus tôt ! Ce voyage fait sans conteste partie des meilleurs moments de ma vie. Je l'avais préparé en lisant des livres sur l'histoire de France et je me souviens que je m'en étais tout de suite senti très proche. Alors, vous n'imaginez pas à quel point je peux être heureux que mes séries puissent être lues en français aujourd'hui ! Je vous promets de faire en sorte que L'Âme du dragon continue à vous intéresser et vous surprendre ! N'hésitez pas à suivre la série !
La France est le premier pays d'Europe que j'ai visité. Et je l'ai trouvé tellement beau, tellement intéressant et tellement profond que j'en ai presque regretté de ne pas y être allé plus tôt ! Ce voyage fait sans conteste partie des meilleurs moments de ma vie. Je l'avais préparé en lisant des livres sur l'histoire de France et je me souviens que je m'en étais tout de suite senti très proche. Alors, vous n'imaginez pas à quel point je peux être heureux que mes séries puissent être lues en français aujourd'hui ! Je vous promets de faire en sorte que L'Âme du dragon continue à vous intéresser et vous surprendre ! N'hésitez pas à suivre la série !
Toute l'équipe Doki-Doki remercie chaleureusement l'auteur pour le temps accordé à cet entretien. Nous espérons que cela vous a plu !