À l'occasion de la sortie du Doki-Doki Mag n°4, nous avons pu poser quelques questions à Natsuko URUMA, auteure de Doomsday War - Rekkyô Sensen-.
Le contexte de Doomsday War tient de la dystopie, mais il nous semble en même temps et malheureusement très proche de notre monde actuel… Quand et comment vous est venue l'idée du scénario ?
N.U : Je suis partie avec deux idées en tête : celle d'un affrontement entre plusieurs nations et celle d'un combat décisif pour la survie de l'une d'entre elles. J'en ai fait les deux axes principaux de mon scénario et j'ai veillé à ne jamais les perdre de vue lors de l'avancée de celui-ci, la construction de mes personnages et les discussions avec mon éditeur. Le contexte dystopique est venu un peu plus tard. Comme, en réalité, il est peu probable que des personnes qui ne se connaissent absolument pas acceptent ainsi de se battre jusqu'à s'entretuer, il me fallait un élément les poussant à accepter. C’est pourquoi j’ai imaginé un monde où la Terre n’aurait plus que 100 ans à vivre, forçant tous ses habitants à aller de l’avant sans se soucier de la justesse ou non de leurs actions. Cela me permettait aussi d’explorer plus profondément les émotions et les dilemmes de chacun, qu'il s'agisse de ceux des jeunes combattants ou des adultes les ayant impliqués dans l'affrontement.
Au départ, j'avais même prévu de montrer une Terre complètement ravagée, devenue aussi inhospitalière que Mars, pour bien insister sur l’urgence de la situation. Mais mon éditeur m’a fait remarquer que l’état actuel de notre environnement était déjà bien assez alarmant et m’a suggéré, pour que les lecteurs puissent mieux s’identifier et ressentir l’impact de l'histoire, de dessiner au contraire des paysages et modes de vie relativement proches de ceux que l'on connaît aujourd'hui. Ses idées et conseils m'aident beaucoup !
N.U : Je suis partie avec deux idées en tête : celle d'un affrontement entre plusieurs nations et celle d'un combat décisif pour la survie de l'une d'entre elles. J'en ai fait les deux axes principaux de mon scénario et j'ai veillé à ne jamais les perdre de vue lors de l'avancée de celui-ci, la construction de mes personnages et les discussions avec mon éditeur. Le contexte dystopique est venu un peu plus tard. Comme, en réalité, il est peu probable que des personnes qui ne se connaissent absolument pas acceptent ainsi de se battre jusqu'à s'entretuer, il me fallait un élément les poussant à accepter. C’est pourquoi j’ai imaginé un monde où la Terre n’aurait plus que 100 ans à vivre, forçant tous ses habitants à aller de l’avant sans se soucier de la justesse ou non de leurs actions. Cela me permettait aussi d’explorer plus profondément les émotions et les dilemmes de chacun, qu'il s'agisse de ceux des jeunes combattants ou des adultes les ayant impliqués dans l'affrontement.
Au départ, j'avais même prévu de montrer une Terre complètement ravagée, devenue aussi inhospitalière que Mars, pour bien insister sur l’urgence de la situation. Mais mon éditeur m’a fait remarquer que l’état actuel de notre environnement était déjà bien assez alarmant et m’a suggéré, pour que les lecteurs puissent mieux s’identifier et ressentir l’impact de l'histoire, de dessiner au contraire des paysages et modes de vie relativement proches de ceux que l'on connaît aujourd'hui. Ses idées et conseils m'aident beaucoup !
Comment avez-vous sélectionné les 16 pays survivants et leur classement ? Avez-vous analysé l’évolution géopolitique actuelle pour tirer des conclusions sur l’avenir du monde ?
N.U : Je les ai choisis en étudiant les prévisions démographiques, la situation mondiale et les trajectoires futures de chaque nation. Puis je leur ai tous associé un personnage qui leur correspond, tout en veillant à ce qu'il soit aussi attrayant pour les lecteurs.
Il n'y a pas conclusion particulière à en tirer sur l'avenir. Mais ce que dit Hasuichi dans le premier volume, sur le fait que notre monde est vaste, et que l'on peut considérer qu'il est, en réalité, constitué de plusieurs mondes, reflète bien ce que je pense être au cœur de Doomsday War.
Plus avancerez dans l'histoire et plus en apprendrez sur le monde dans lequel elle se déroule. Chaque nouveau chapitre apporte son lot d'informations !
Et qu'en est-il de l’intelligence artificielle ? Suivez-vous ses évolutions et les différents impacts qu'elle pourrait avoir ?
N.U : L’IA pose de nombreux problèmes... Mais malgré tout, à titre personnel, je ne peux m’empêcher d'admirer le fait que des humains aient réussi à créer une chose pareille… Quand j'ai entendu parler des recherches menées par Facebook en 2017 et de ces deux IA qui avaient commencé à communiquer dans leur propre langage, ma réaction tenait plus de l'admiration que de la peur… Et pareil quand j'ai lu les articles sur Norman, cette IA devenue "psychopathe" ! Après avoir été nourrie en permanence d'images et d'informations malsaines, elle avait fini par ne plus donner que des réponses très inquiétantes au test de Rorschach ! Et je me suis dit que c'était alors "terriblement humain"… j'ai été impressionnée par sa ressemblance avec l'humain !
N.U : L’IA pose de nombreux problèmes... Mais malgré tout, à titre personnel, je ne peux m’empêcher d'admirer le fait que des humains aient réussi à créer une chose pareille… Quand j'ai entendu parler des recherches menées par Facebook en 2017 et de ces deux IA qui avaient commencé à communiquer dans leur propre langage, ma réaction tenait plus de l'admiration que de la peur… Et pareil quand j'ai lu les articles sur Norman, cette IA devenue "psychopathe" ! Après avoir été nourrie en permanence d'images et d'informations malsaines, elle avait fini par ne plus donner que des réponses très inquiétantes au test de Rorschach ! Et je me suis dit que c'était alors "terriblement humain"… j'ai été impressionnée par sa ressemblance avec l'humain !
Au fond, l'IA n'est qu'un outil et tout dépend de la façon dont on s'en sert... Prenez un couteau de cuisine : on peut aussi bien l'utiliser pour préparer de bons petits plats que pour blesser ou tuer quelqu'un ! Elle peut donc être aussi dangereuse que bénéfique… Mais, malgré cela, je tiens avant tout à retenir ses aspects positifs et tout ce qu'elle peut apporter de bon au monde. De toute façon, elle y est déjà omniprésente… Alors, tout ce que j'espère, c'est qu'elle ne devienne jamais assez puissante pour prendre le dessus sur les humains. Le principal, c'est que l'on n'oublie jamais de donner la priorité à la vie, la volonté et la dignité des êtres humains !
Votre héros, Hasuichi, semble mû par un idéal, une volonté et un espoir imbattables concernant la possibilité d'un monde meilleur. Est-ce un message que vous souhaitiez adresser aux jeunes générations ou tous ceux qui s'inquiètent pour l’avenir ?
N.U : Ce n’est pas tant un message pour les jeunes qu’une réflexion sur notre époque… Aujourd'hui, dans le monde dans lequel on vit, je pense que même faire le bonheur à petite échelle, dans un rayon de quelques mètres seulement, peut conduire à un bonheur plus grand et général. Et j’ai donc pensé qu'un protagoniste ayant d'aussi grandes ambitions, qui ose rêver et avoir autant d'espoir que Hasuichi, pouvait être intéressant à dessiner.
Bien sûr, comme il est né dans un milieu favorisé, il n'a pas été bien difficile pour lui de garder cet idéal en tête. Il n'a pas eu à subir toutes les souffrances et désillusions qu'ont pu connaître Albie, le héros britannique qui a grandi dans un bidonville, ou Xī Yì, le héros chinois qui n'a jamais connu autre chose que la pègre. Au contraire, il fait plutôt partie de ceux qui sont critiqués pour être des "privilégiés", dont on dit qu'ils sont complètement déconnectés de la réalité et ne peuvent pas comprendre ce que vivent les autres… Mais je pense que c'est une autre forme de rejet et donc une autre source de souffrance. Et ce qui fait la grande force de Hasuichi, selon moi, c'est qu'il continue malgré tout à croire infailliblement en ses rêves et en son grand idéal de liberté !
Les personnages de Doomsday War viennent tous d’horizons très variés : certains ont intégré l'armée, d’autres viennent de quartiers défavorisés ou de milieux artistiques… Et il y a ce haut dirigeant qui a envoyé son fils au front… Mais finalement, peu importe d'où ils viennent et ce qu'ils ont pu faire par le passé, je les dessine en leur souhaitant à tous qu'ils puissent retrouver des rêves, un idéal et un espoir aussi grand que ceux de Hasuichi !
Nous pouvons noter que ce dernier a aussi hérité de belles valeurs humaines, et d'un intérêt portant à la fois sur la nature et la diversité des peuples et cultures. Est-ce quelque chose que vous avez vous-même reçu de votre propre famille ou l'avez-vous développé plus tard dans votre vie ?
N.U : C’est un trait de caractère que Hasuichi a hérité de sa mère, qui accordait elle aussi une grande importance à ces valeurs. La personnalité de cette dernière est exactement comme décrite dans le second chapitre du volume 1, quand elle apparaît dans un flash-back.
Quant à son intérêt pour les langues étrangères, c'est une passion qu'il a développée lui-même. Il aime les apprendre en autodidacte. Il est comme ces enfants qui sont obsédés par les dinosaures, les insectes ou les trains et passent des heures à absorber des connaissances dans ces domaines. Dans son cas, ce sont les pays et les cultures qui le fascinent : il pourrait passer des heures à examiner des cartes ou faire tourner un globe terrestre ! Il rêverait de pouvoir découvrir le monde, connaître tout ce qu'il ne connaît pas encore et voir de ses propres yeux tout ce qu'il a pu apprendre dans les livres.
Quant à son intérêt pour les langues étrangères, c'est une passion qu'il a développée lui-même. Il aime les apprendre en autodidacte. Il est comme ces enfants qui sont obsédés par les dinosaures, les insectes ou les trains et passent des heures à absorber des connaissances dans ces domaines. Dans son cas, ce sont les pays et les cultures qui le fascinent : il pourrait passer des heures à examiner des cartes ou faire tourner un globe terrestre ! Il rêverait de pouvoir découvrir le monde, connaître tout ce qu'il ne connaît pas encore et voir de ses propres yeux tout ce qu'il a pu apprendre dans les livres.
Vous êtes-vous inspirée de personnes que vous connaissez personnellement ou de personnages connus pour écrire votre histoire ?
N.U : Il y a un album jeunesse que j'adorais petite et que je relis encore très souvent aujourd'hui, c'est Sept milliards de visages de Peter SPIER. L'auteur y parle de nos différences de couleurs de peaux, d'yeux, de cultures, de traditions… il aborde même les religions, les classes sociales et toutes les inégalités injustes qui y sont liées. Puis, il explique que si nous finissons tous par mourir un jour, il y a toujours quelque chose qui nous relie et continue à exister. J'aime particulièrement la magnifique illustration de la dernière page, où il est écrit en couleurs "Regarde comme nous sommes tous différents. N’est-ce pas merveilleux ?"
Je pense que ce livre est l'un de ceux qui ont le plus nourri mon imagination.
Et de façon plus personnelle, j'ai aussi été très marquée par l'histoire de mon père et mon grand-père. Mon grand-père est mort à la guerre, et mon père n'étant pas encore né à ce moment-là, il n'a jamais pu le connaître de son vivant. Lorsqu'il s'est trouvé à son tour sur son lit de mort, il aurait dit quelque chose comme "je vais enfin pouvoir entendre la voix de mon père"... Et quand je me rends sur leurs tombes aujourd'hui, je peux lire que l'âge auquel mon grand-père est parti est déjà bien plus jeune que le mien… Ce sont des choses qui m'ont marquée.
Bien sûr, Doomsday War ne reflète pas la réalité, ce n'est qu'un récit de fiction. Mais en abordant le thème de la guerre, je souhaitais avant tout rappeler qu'il existe encore des personnes qui en souffrent aujourd'hui ou qui souffrent d'y avoir perdu des êtres chers.
N.U : Il y a un album jeunesse que j'adorais petite et que je relis encore très souvent aujourd'hui, c'est Sept milliards de visages de Peter SPIER. L'auteur y parle de nos différences de couleurs de peaux, d'yeux, de cultures, de traditions… il aborde même les religions, les classes sociales et toutes les inégalités injustes qui y sont liées. Puis, il explique que si nous finissons tous par mourir un jour, il y a toujours quelque chose qui nous relie et continue à exister. J'aime particulièrement la magnifique illustration de la dernière page, où il est écrit en couleurs "Regarde comme nous sommes tous différents. N’est-ce pas merveilleux ?"
Je pense que ce livre est l'un de ceux qui ont le plus nourri mon imagination.
Et de façon plus personnelle, j'ai aussi été très marquée par l'histoire de mon père et mon grand-père. Mon grand-père est mort à la guerre, et mon père n'étant pas encore né à ce moment-là, il n'a jamais pu le connaître de son vivant. Lorsqu'il s'est trouvé à son tour sur son lit de mort, il aurait dit quelque chose comme "je vais enfin pouvoir entendre la voix de mon père"... Et quand je me rends sur leurs tombes aujourd'hui, je peux lire que l'âge auquel mon grand-père est parti est déjà bien plus jeune que le mien… Ce sont des choses qui m'ont marquée.
Bien sûr, Doomsday War ne reflète pas la réalité, ce n'est qu'un récit de fiction. Mais en abordant le thème de la guerre, je souhaitais avant tout rappeler qu'il existe encore des personnes qui en souffrent aujourd'hui ou qui souffrent d'y avoir perdu des êtres chers.
Quelles seraient les principales valeurs sur lesquelles il faudrait insister, selon vous, ou les principaux problèmes à améliorer, pour pouvoir rendre le monde meilleur ?
N.U : Je suis loin de vivre de façon assez exemplaire pour pouvoir donner des leçons à qui que ce soit… Mais j'aime beaucoup les mots qu'Albie a reçus d'une personne qui a énormément compté pour lui dans le passé… Cette dernière lui disait de commencer par prendre soin de son propre monde, de faire preuve de gentillesse avec tous ceux qui l'entourent pour que cela se répercute sur le monde entier ! Je vous laisse découvrir ça dans le volume 2 !
Doomsday War est votre premier mange publié en France. (Nous espérons qu'il se fera connaître dans le monde entier !). Quelle a été votre réaction ?
N.U : "Yattaaa !" (ndlt : équivalent de notre "Youpi" en moins désuet !) a été ma première réaction ! Merci beaucoup ! J’ai eu la chance de visiter la France lors d’un voyage de fin d’études pendant lequel j'ai notamment pu séjourner dans le quartier du Marais, en plein cœur de Paris ! Je me souviens encore des spectacles de rues, des théâtres de marionnettes dans les parcs et de l’odeur des marrons grillés en plen air… J'en garde un très bon souvenir ! Et je suis longtemps restée nostalgique de la magnifique Fête des violettes que j'ai pu voir à Tourrettes-sur-Loup !
Bien sûr, j'ai aussi fait le tour des librairies et plus particulièrement des rayons de mangas (où j'ai même acheté un volume de Death Note !). Quand je pense que ma série Doomsday War va pouvoir elle aussi y trouver sa place, cela me remplit de joie et de gratitude ! J'espère sincèrement qu'elle vous plaira !
N.U : "Yattaaa !" (ndlt : équivalent de notre "Youpi" en moins désuet !) a été ma première réaction ! Merci beaucoup ! J’ai eu la chance de visiter la France lors d’un voyage de fin d’études pendant lequel j'ai notamment pu séjourner dans le quartier du Marais, en plein cœur de Paris ! Je me souviens encore des spectacles de rues, des théâtres de marionnettes dans les parcs et de l’odeur des marrons grillés en plen air… J'en garde un très bon souvenir ! Et je suis longtemps restée nostalgique de la magnifique Fête des violettes que j'ai pu voir à Tourrettes-sur-Loup !
Bien sûr, j'ai aussi fait le tour des librairies et plus particulièrement des rayons de mangas (où j'ai même acheté un volume de Death Note !). Quand je pense que ma série Doomsday War va pouvoir elle aussi y trouver sa place, cela me remplit de joie et de gratitude ! J'espère sincèrement qu'elle vous plaira !
Enfin, avez-vous un dernier message pour le public francophone ?
N.U : Oui, je vous remercie de m'avoir permis de faire de cette précieuse interview et de l'avoir lue !
Muguet, l'héroïne française de Doomsday War, est l'un des personnages les plus importants de la série. Elle était déjà dans les tout premiers storyboards que j'ai faits !
J'espère que l'histoire du manga vous plaira. Merci à tous ceux qui s'y sont intéressé et pensent l'acheter !
N.U : Oui, je vous remercie de m'avoir permis de faire de cette précieuse interview et de l'avoir lue !
Muguet, l'héroïne française de Doomsday War, est l'un des personnages les plus importants de la série. Elle était déjà dans les tout premiers storyboards que j'ai faits !
J'espère que l'histoire du manga vous plaira. Merci à tous ceux qui s'y sont intéressé et pensent l'acheter !
Toute l'équipe Doki-Doki remercie chaleureusement l'auteure pour le temps accordé à cet entretien. Nous espérons que cela vous a plu !